C'est la rentrée et j'ai déjà une semaine de retard pour l'article du premier exercice d'écriture de l'année. Comme dirait Ophélie Winter, shame on me. Mais comme disait aussi je-sais-pas-qui, "mieux vaut tard que jamais". Voici donc la présentation du nouvel exercice littéraire tendance de la rentrée 2020, j'ai nommé le Writionary.
Le Writionary, un exercice d'écriture ludique…
Le principe du jeu est simple. Vous aurez sans doute remarqué la troublante ressemblance du nom de notre petit exercice avec celui du Pictionary, sorte de "Dessinez, c'est gagné !" où on pioche une carte, on lit ce qui y est écrit et, je vous le donne en mille, on le dessine. Et si les autres participant·es trouvent ce que c'est, vous avez gagné.
Le Writionary, c'est la même idée - soufflée par une des piliers de notre petite communauté fondée autour de la chaîne twitch - que j'ai éhontément adaptée en plagiant totalement le principe de la version dessinée (gribouillée, si on veut être vraiment précis·e - et honnête). On y a d'ailleurs joué mercredi dernier et c'était amusant. En plus d'être instructif.
… mais un exercice quand même !
Et oui, c'est subtilement que, sous couvert d'exercices ludiques hyper fun, je vous amène à travailler certaines techniques narratives, ni vu ni connu. Par exemple, avec le mutisme, on avait pu s'exercer sur la description, la précision et le vocabulaire autour des expressions faciales et de la communication corporelle.
Avec le Writionary, l'idée, c'est de travailler le fameux et incontournable show, don't tell. On choisit donc ce qu'on veut (les prochaines versions seront peut-être plus encadrées) et on doit le faire deviner sans le dévoiler, rien que par l'écriture. Certain·es d'entre nous ont utilisé un générateur de mots pour l'inspiration, et on s'est lancé dans la rédaction individuelle de plusieurs petits textes (un par mot ou expression). À la fin du temps imparti, on a lu les productions et tenté de deviner le mot/expression décrit. On a eu des personnages, des métiers, des couleurs, des émotions…
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C'est un exercice difficile, mais qui permet de repérer ses failles et de les travailler. S'exercer à montrer les choses au lieu de les énoncer permet de produire des textes de bien meilleure qualité, beaucoup plus immersifs et qui favorisent l'empathie pour le personnage.
Par exemple, si on écrit :
Elle est dans le noir et elle a peur.
C'est très (trop) simpliste et un peu (beaucoup) expéditif. On a une banale énumération, façon liste de courses. On nous balance froidement deux infos, qu'on doit prendre pour argent comptant. Mais est-ce qu'on tremble pour "elle" ?
Le but du fameux Show, don't tell, c'est de décrire : l'obscurité, le noir, les sensations que ça procure au personnage, puis d'embarquer læ lecteurice en lui montrant la peur, en détaillant les réactions physiologiques et émotionnelles qu'entraîne ce sentiment.
On pourrait donc décrire l'absence de lumière, de visibilité, la perte des repères spatio-temporels, les yeux qui s'écarquillent pour essayer de voir dans le noir, le rythme cardiaque qui accélère, la transpiration, le souffle, les muscles qui se crispent, le corps qui se recroqueville…
Il y a une foule de détails qu'on pourrait donner et qui rendraient le texte beaucoup plus dense, vivant, et beaucoup plus riche.
Pour illustrer tout ça, je vous propose le petit texte que j'ai rédigé mercredi dernier pour décrire la peur du noir :
L'ampoule grésille avant de rendre sa dernière étincelle. Elle meurt dans un crépitement fugace, emportant la lumière avec elle. Que vais-je faire, à présent ? Elle était mon dernier rempart contre la peur. J'écarquille les yeux à me les faire péter, mais rien à faire, je vois que dalle. Je tâtonne dans cette obscurité opaque. Je retire ma main brutalement quand je heurte une substance inattendue et répugnante. Je réprime une grimace d'un dégoût bien vite remplacé par une foule de questions. Qu'est-ce que c'était ? Est-ce vivant ? Est-ce dangereux ? Quel est ce bruit visqueux et gourmand qui se rapproche de moi ? J'ouvre grand les yeux, mais je ne vois rien.
Le Writionary #1
Mercredi 2 septembre 2020 est donc une date historique à retenir au même titre que celle de la prise de la Bastille (Hep ! Je vous vois la googler !), puisque c'est le jour béni qui a vu l'inauguration du Writionary en live (que vous pouvez revoir en différé).
En plus, c'est un exercice que vous pouvez parfaitement reproduire à la maison, sans aucun autre risque que celui d'améliorer vos compétences rédactionnelles et la qualité de vos textes.
Ah oui et... si vous voulez progresser, mais que vous ne voulez pas bosser tout·e seul·e dans votre coin, rejoignez-nous pour les ateliers d'écriture en live sur Twitch, tous les mercredis à 21h \o/
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